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Ça sent la marée

Il est tôt sur cette plage de Martinique et la température y est encore agréable lorsqu’une équipe de Madibenthos s’apprête à se mettre à l’eau sous l’œil médusé des pêcheurs déjà présents en ce début de journée. Elle arrive en effet avec d’étranges instruments : pinces, bocaux aux couvercles jaunes, filets sur mesure…

L’équipe réalise les opérations de marée de l’expédition en récoltant sur les habitats au ras de l’eau ou à très faible profondeur des crustacés, des mollusques, des algues, des échinodermes.

Les mareyeurs évoluent dans plusieurs zones particulièrement significatives pour leur biodiversité qui se divisent en « étages ».

  • L'étage supralittoral est la partie du littoral au-dessus des hautes mers moyennes. Elle est occasionnellement immergée par les grandes marées et toujours aspergée par les embruns. Les animaux les plus caractéristiques sont les littorines, des escargots marins confinés à ce niveau et capables de supporter des variations extrêmes de température, ainsi que la pluie.
  • L'étage mésolittoral est la partie du littoral située dans la zone de balancement des marées, entre les hautes et basses mers moyennes. Ici aussi, il s’agit d’un milieu difficile, nécessitant des adaptations spécifiques, pour résister à la dessiccation et aux variations de température mais surtout pour résister à l’arrachement par la houle. Par exemple, les mollusques de ce niveau ont une coquille solide et hydrodynamique et un pied très grand faisant ventouse. Un grand trochidé, le « burgau », adhérait tellement bien au rocher que nous n’avons pas réussi à le détacher.
  • L'étage infralittoral est la partie du littoral au-dessous des basses mers moyennes, émergée occasionnellement lors des grandes marées, où se développent les algues photophiles. Cet étage s’étend assez loin en mer, jusque vers 30 ou 40 mètres selon la transparence de l’eau. La vie y est beaucoup plus facile et beaucoup plus d’espèces sont présentes.

Pendant plusieurs heures et avec la plus grande minutie, les mareyeurs recherchent les espèces les plus significatives de chaque milieu mais également celles qui peuvent se révéler les plus rares. Ils observent, scrutent, retournent le sable, les rochers, la mangrove, la vase en quête des précieux spécimens.

La récolte est satisfaisante, les mareyeurs quittent la plage, à présent investie par les vacanciers ou les Martiniquais venant se ressourcer.

Clarisse Rondier et Serge Gofas.