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Séquencer pour mieux s’y retrouver !

Après le tamisage et le tri, le poste « barcode » est la dernière étape de la chaîne de traitement des organismes vivants. On ne peut pas tout séquencer : les spécimens jugés intéressants pour le séquençage ADN sont sélectionnés, traités et fixés, ce qui présente des difficultés particulières pour les mollusques. En effet, la grande majorité des mollusques possèdent une coquille dans laquelle ils se rétractent, rendant problématique la bonne pénétration du fixateur et l’accès au tissu. Aussi, tout l’enjeu est de faire sortir le corps de l’animal afin de le plonger dans l’alcool à fort titrage et d’en assurer à la fois une bonne fixation et une bonne conservation...

Plus tard au Muséum, l’ADN de chaque échantillon sera extrait et amplifié avant que certains fragments en soient séquencés. Parmi les régions séquencées, un gène mitochondrial codant pour une enzyme nécessaire au métabolisme intéresse particulièrement les taxonomistes car il est présent dans tous les organismes vivants et il est spécifique à chaque espèce : il permet donc de les différencier, comme un code barre pour les articles d’un supermarché. Le séquençage de ce gène constitue donc ce que, par simplification, on appelle le barcoding.

La première application du barcoding est la détermination des espèces : deux animaux peuvent fortement se ressembler et pourtant ne pas appartenir à la même espèce ; inversement, deux animaux peuvent paraître différents au point de suggérer – à tort – qu’ils appartiennent à deux espèces différentes.  Comme dans la police scientifique, l’ADN permet de séparer ces faux amis et vrais faux semblables plus objectivement que la morphologie ou l’anatomie.

La seconde application du barcoding est son utilisation dans la construction des phylogénies c’est-à-dire la reconstitution d’arbres de parenté qui traduisent les relations entre groupes.

 

Barbara Buge et Natacha Ouvrié