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L'échantillonnage en vrac, ou comment chercher des aiguilles dans une meule de foin

En plongée, tous les organismes ne peuvent être récoltés à vue, en raison de leur petite taille. Qu'ils soient de l'ordre du centimètre ou qu’ils soient millimétriques, leur collecte nécessite des techniques particulières.

 

L'utilisation de la « suceuse » est une adaptation des techniques éprouvées dans le domaine de l'archéologie sous-marine. Cependant, deux différences sont à noter. La première : nous ne creusons pas en profondeur. En effet, les organismes que nous recherchons vivent dans le ou les premiers centimètres de la couche supérieure de sédiments. La seconde différence tient au fait que le sac fixé au bout de notre suceuse recueille le matériel, alors que les suceuses des dragues portuaires servent à dégager les sédiments dans le but de s’en débarrasser au large.

 

Collecte dans la couche supérieure sédimentaire © Noémie Michez  / MNHN / Madibenthos Collecte dans la couche supérieure sédimentaire © Noémie Michez / MNHN / Madibenthos

Le dragage scientifique, qui consiste à balayer le fond des eaux à l’aide de dragues (filets), n'est, lui non plus, pas comparable à son équivalent dans le domaine des dragues portuaires. Les formes adaptées et les tailles de nos dragues (larges de 30 à 50 centimètres), manipulées manuellement depuis notre petit bateau, nous permettent d'atteindre des profondeurs hors de portée de nos plongeurs, qui vont jusqu'à 30 mètres, ou occasionnellement 50 mètres de profondeur. Nous pourrons ainsi, grâce aux dragues, espérer échantillonner jusqu'à 120, voire 150 mètres de profondeur.

Au-delà, l'échantillonnage nécessite un navire océanographique, pourvu d'un portique et d'un treuil hydraulique.

Les paniers de brossage, quant à eux, sont une invention de l'équipe des grandes expéditions marines du Muséum, conçue dans les années 90. Des plongeurs prennent des blocs de substrats durs et les déposent au fond du panier. C'est là qu'intervient le plongeur-brosseur. Il brosse les blocs, face supérieure et face inférieure, pour en décrocher les tous petits organismes, algues et épifaune. Il faut recouvrir le « haut du panier » d'un couvercle en raison des tourbillons générés lors de la remontée.

 

Scène de brossage © Yan Buske / MNHN / Madibenthos Scène de brossage © Yan Buske / MNHN / Madibenthos

Une fois à bord des embarcations, les collectes, quelle que soit la technique utilisée, sont transvasées dans des glacières contenant des bouteilles glacées d'eau de mer, congelées la veille sur la base navale. L'ensemble des échantillonnages sera ramené dès que possible vers le ponton de tamisage, quel que soit le lieu de la station de collecte, autour de l’île de la Martinique.

Au total, l'ensemble des opérations d'échantillonnage en vrac concerne, sur une journée, une surface de quelques mètres carrés, qui livreront plusieurs centaines, voire milliers de spécimens.

 

Remontée du panier de brossage © Noémie Michez / MNHN / Madibenthos Remontée du panier de brossage © Noémie Michez / MNHN / Madibenthos